Cela fait environ 8 mois que nous avons accueilli de nouveaux colocataires à la maison : des vers de terre ! Comme ils suscitent beaucoup de questions et parfois quelques idées reçues dans mon entourage, je me suis dit que cet article serait le bienvenu. J’avais d’ailleurs moi-même pas mal d’a priori et d’appréhension avant de commencer… Alors qui sait, peut-être que cela vous donnera envie de tenter vous aussi l’expérience ? ;)
Je préviens tout de suite les phobiques des vers et des déchets en décomposition, passez votre chemin ! Les autres, c’est bon, vous pouvez rester !

Pourquoi (lombri)composter ?

Environ un tiers de nos déchets sont organiques, c’est-à-dire issus du vivant et donc compostables. Aujourd’hui, tout ce que nous jetons à la poubelle est incinéré ou enfoui, ce qui génère de la pollution, coûte cher à nos communes, et constitue un énorme gaspillage de ressources. Effectivement, dans la nature, il n’y a pas de déchet. Comme le dit le dicton : « rien ne se perd, tout se transforme ». Tout ce qui est vivant finit un jour ou l’autre par se décomposer et retourner à la terre, apportant ainsi aux plantes ce dont elles ont besoin pour pousser, et ainsi de suite. C’est un cycle ! Contrairement à notre mode d’exploitation des ressources qui, lui, est linéaire : on extrait des ressources naturelles, on les utilise partiellement, on créée des déchets qu’on ne valorise pas, on pollue, pendant que les ressources s’épuisent. Quand on y pense deux secondes, ce n’est quand même pas très logique comme mode de fonctionnement !

Le geste de mettre quelque chose à la poubelle est tellement ancré dans nos habitudes, qu’au quotidien, on ne se rend plus vraiment compte des conséquences de nos actes. Changer cette habitude paraît pour beaucoup bien trop galère, je le sais, je pensais comme cela il n’y a pas encore si longtemps ! Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’effectivement changer une habitude demande quelques efforts au début, mais une fois qu’on l’a adoptée et qu’on sait pourquoi on le fait, tout roule. A vous de voir si vous souhaitez agir en accord avec vos convictions ;)

Une solution – pas trop contraignante – pour retrouver un traitement des biodéchets un peu plus cohérent est donc de composter ses déchets, en plus de limiter le gaspillage en cuisine (ne pas forcément éplucher les fruits et légumes s’ils sont bio, utiliser différemment les épluchures, organiser ses repas de sorte à ne pas jeter, manger les restes, etc). Vivant en appartement et n’ayant pas de jardin, la solution du lombricompostage s’est vite imposée à nous. Mais sachez que si vous avez un jardin, vous pouvez un installer d’autres types de composteurs.

C’est quoi, un (lombri)compost ?

Composter, c’est donc un moyen écologique de gérer ses déchets de cuisine (et de jardin pour les chanceux). Cela permet aussi de produire soi-même son propre compost et son engrais liquide, et de faire par la même occasion quelques petites économies.
Le compostage consiste en la dégradation naturelle de la matière organique par des organismes vivants, en présence d’oxygène et d’eau. Les déchets sont ainsi transformés en compost, qui peut ensuite être utilisé par les jardiniers ou les amoureux des plantes d’intérieur pour améliorer la structure des sols et apporter aux végétaux des éléments nutritifs.
Le lombricomposteur a la particularité d’abriter des vers de terre, qui vont activement participer à la dégradation des déchets et à leur transformation en compost. C’est une méthode de compostage à froid, qui ne génère pas d’odeur, quand tout fonctionne normalement ! Le compost produit est de très grande qualité, ainsi que l’engrais liquide. Le lombricomposteur se présente généralement sous la forme de plusieurs bacs à empiler, le système est ainsi relativement facile à ranger. Enfin, le dernier bac est muni d’un robinet pour récupérer l’engrais liquide.
Cette méthode est donc particulièrement adaptée aux appartements ou aux maisons de ville sans jardin. Ah, et les vers ne s’enfuient pas du bac, à vrai dire, ils détestent la lumière et préfèrent rester à l’abri !

Et voilà à quoi ça ressemble…

Comment débuter ?

Pour se procurer un lombricomposteur, il est possible de la fabriquer soi-même pour les plus bricoleurs, ou d’en acheter un en ligne ou en magasins bio. Je vous conseille avant tout de vous renseigner auprès de votre collectivité, car beaucoup en distribuent gratuitement. J’ai pour ma part reçu le mien ainsi que 200 g de vers via ma communauté de communes, qui m’a également formée à son utilisation ! Bien pratique pour se lancer !

La première chose à faire est de trouver un emplacement pour le lombricomposteur : l’idéal, c’est de le placer en intérieur car les vers sont au top à une température de 15-25°C. Si vous le placez à l’extérieur, il faudra l’isoler. Une fois installé et assemblé, les vers sont placés dans le premier bac avec leur litière. Les premières semaines, les déchets doivent être apportés progressivement, en augmentant les doses petit à petit et en espaçant les apports. Les vers doivent s’habituer à leur nouvel environnement et se remettre de leurs émotions du voyage ! Les semaines de démarrage sont les plus sensibles le temps que l’équilibre se créée, mais ensuite tout roule !
Dans tous les cas, il faut bien penser à découper les déchets en petits morceaux, à remuer à chaque apport, et à ajouter du carton lui aussi découpé (environ la moitié du volume de déchets apporté). Enfin, placez toujours un tapis humidificateur ou un morceau de textile en coton par-dessus le dernier étage, sous le couvercle.

Concernant les déchets que l’on peut lombricomposter, il faut savoir que les vers sont complètement végétaliens, donc il ne faut pas leur donner de produits animaux. Exit la viande, les produits laitiers, les agrumes, les oignons, l’ail, les poireaux, les restes vinaigrés ou huilés, le pain en gros morceaux, et tout ce qui a pu être en contact avec des produits chimiques. En revanche, tout le reste est ok, y compris les coquilles d’œufs broyées, les noyaux, le thé et café dans leurs filtres en papier, le riz et les pâtes (sans sauce contenant de la viande ou des produits laitiers), etc. Le carton et les papiers non imprimés sont eux aussi les bienvenus !

Et si au démarrage, une odeur désagréable apparaît et que le compost a un aspect gluant, c’est que vous avez été un peu trop généreux et que ça fermente ! Dans ce cas, remuez bien, ajoutez du carton et stoppez les apports quelques jours, le temps que tout rentre dans l’ordre. Il faut que cela sente un peu comme le sous-bois… Ne désespérez pas, ça va venir !

L’entretien

Une fois que le lombricomposteur est en route, l’entretien est assez simple. Il suffit de continuer à apporter des déchets régulièrement, à remuer, et à ajouter du carton. Quand le premier bac est rempli, on empile un second bac par-dessus, et ainsi de suite. De temps en temps, vérifiez que les vers peuvent toujours accéder à l’étage supérieur !
L’engrais liquide doit être récupéré environ une fois par semaine, et utilisé dilué au 10e. Si vous n’avez pas de plantes ou de jardin, vous pouvez vous en débarrasser sans souci au pied d’un arbre ou d’un buisson…
En 3 à 4 mois, le lombricompost est mature et prêt à être récolté. Pour cela, placez le bac à récolter par-dessus tous les autres et sous une lumière assez vive, pour que les vers descendent. Utilisez le compost mélangé à 2/3 de terreau pour rempoter les plantes, ou directement en amendement de surface dans un potager.

Avant un départ en vacances, il ne faut pas surcharger le système, puis laisser le robinet ouvert avec un récipient en dessous pendant votre absence.

Le bilan après 8 mois

Depuis que nos petits colocataires nous ont rejoint, nos déchets ont considérablement diminué (on fait aussi plus de courses en vrac et on gaspille très peu, mais quand même). Du coup, on descend la poubelle beaucoup moins souvent, et il n’y a plus de mauvaises odeurs de poubelle dans la cuisine, et ça c’est top.
Les plantes ont l’air d’être contentes. J’utilise l’engrais liquide chaque semaine lors de l’arrosage et j’en ai rempoté une partie récemment avec un mélange de compost et de terreau. Parfois, on a même des petits surprises de pousses spontanées, directement dans le lombricomposteur ou dans les pots rempotés !

J’ai remarqué que les particules les plus fines du compost ont tendance à sédimenter au fond du lombricomposteur, dans le bac de récupération de l’engrais liquide. Cela forme une sorte de boue, qui, si on ne fait pas attention, s’accumule et peut boucher le robinet. Cette boue, qui n’est pas vraiment oxygénée, peut avoir tendance à fermenter, et donc à sentir mauvais… Je vous conseille donc de les éliminer régulièrement, s’il s’en forme aussi dans votre bac.

   Des petites plantules de courge qui tentent de                            Une pousse spontanée 
          s’échapper du lombricomposteur                                          dans le pot d’un avocatier récemment rempoté

Un autre conseil que je peux vous donner, c’est d’avoir conscience qu’il faut être quand même assez à l’aise avec les vers et les déchets en décomposition avant de se lancer… Je suis biologiste à la base, alors forcément ça ne me gêne pas et je ne trouve pas ça « sale », mais je comprends que cela puisse rebuter !
De manière générale, c’est aussi une bonne idée de veiller à ce que tout le monde soit bien d’accord pour accueillir un lombricomposteur à la maison et appréhende ce que cela implique (#expériencevécue). Tout en sachant que si jamais ça ne marche pas pour vous, ce n’est pas grave de revenir momentanément en arrière et de chercher une solution qui vous convient mieux ;)

Pfiou, j’espère que ce post n’est pas trop long et qu’il vous aura apporter des informations sur cette drôle de boîte noire. N’hésitez pas si vous avez des interrogations, j’essaierai d’y répondre de mon mieux ! Et n’oublions pas qu’il paraît que chaque geste compte, aussi petit soit-il ;)

6 Comments

  1. Super article ! J’avoue je me suis souvent posé la question sur le fait d’en prendre un en appartement … donc comme ça je sais à quoi m’attendre ! ^^

    • A vrai dire, c’est fait pour être placé en appartement ! ;) Je serais curieuse de savoir comment ça se passe pour toi, si tu tentes l’expérience !

  2. Bonjour Amandine,

    Chouette, je viens de voir que tu as publié un autre article, vivement ce soir que je sois chez moi pour le découvrir! Nous souhaitons faire du compost mais nous n’y connaissons rien…Par la même occasion (je n’ai jamais laissé de message) je voulais te féliciter pour l’ensemble de tes articles, ils sont vraiment très bien écrits, bien renseignés et bien illustrés. Bravo pour ton travail.
    A très vite.
    Roxane

    • Merci beaucoup Roxane, ça me fait très plaisir que tu sortes de ton silence ! Je me sens moins seule derrière mon ordinateur ;)
      J’espère que cet article t’apportera des informations utiles pour te lancer ! Encore merci pour tes mots et à bientôt :)

      • Bonjour Amandine,

        J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ton article qui est vraiment intéressant. Comme nous sommes en maison, ce lombricomposteur n’est pas adapté à nos besoins. Je vais me rapprocher de notre communauté de communes pour connaître leurs offres en matière de composteurs. Dès que tout ça sera mis en place, je te ferai un petit retour d’expérience, si cela peut t’intéresser bien sûr :-).

        Bonne journée et vivement le prochain article ;-).

        Roxane

        • Oui, ton retour m’intéresse beaucoup ! Je vais bientôt déménager et je ne sais pas encore quelles possibilités m’attendent côté compostage, alors toute info est bonne à prendre ;) J’espère que tu trouveras de ton côté la solution qui vous convient le mieux !

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